samedi 27 novembre 2010

Ce matin, 3 chèvres sont entrées dans mon bureau… Ou « Une toubabou à Zantiébougou, 1er chapitre »

Ça fait maintenant 1 semaine que je suis installée à Zantiébougou, petit village de 2000 habitants qui sera mon chez moi pour les 5 prochains mois.

Ça fait aussi 1 semaine que je suis rebaptisée au nom d’Awa Kone.

Que dire de Zantiébougou?

Et bien, malgré le fait qu’il soit le long de la route goudronnée, il n’a toujours pas l’électricité, mais l’attend impatiemment. Mon père d’accueil, le maire, m’a dit que ça devrait arriver la semaine prochaine. En décodant le langage malien, je me dis que peut-être je verrai l’électricité d’ici la fin de mon séjour.

Zantiébougou c’est aussi l’air pur. Après une semaine à m’emboucaner les poumons avec l’air polluée de Bamako, j’ai l’impression de respirer à nouveau. Le soleil est beaucoup plus frappant sans le smog, et les étoiles sont magnifiques, mais vraiment magnifiques. Prendre une douche à la belle étoile en regardant la voie lactée, au mois de novembre, c’est quand même une expérience intéressante!

Zantiébougou c’est aussi beaucoup de bambara (langue locale), donc dans mon cas, beaucoup de mimiques et une bonne capacité d’interprétation. Vraiment, c’est très difficile de communiquer en français et je me sens parfois un peu seule. Mon père d’accueil, considérant ses fonctions de maire, parle assez bien français, une de mes deux mères d’accueil se débrouille, et c’est à peu près tout. Les 150 autres personnes vivant dans ma maison ne me parle qu’en bambara ou peuvent me dire « bonsoir », « ça va », « oui »… Quand je dis 150, ce n’est presque pas exagéré. J’ai encore beaucoup de difficulté à comprendre la généalogie de ma famille, mais il y a les 2 grand-mères, leur 5 fils, avec chacun 1, 2 ou 3 femmes et chacune au moins 1 ou 2 enfants. Et en plus, ils hébergent des enfants des villages voisins qui viennent à l’école à Zantiébougou. Donc tout ça, ça donne pas loin de 50 personnes à la maison!

Zantiébougou, c’est l’accueil et l’hospitalité. Les gens sont très gentils avec moi, même si on ne se comprend presque pas. Il suffit de sortir mes quelques phrases clé de bambara et mon plus beau sourire et ils sont si contents. Et lorsque je m’aventure hors des sentiers battus en bambara, alors je fais leur journée tellement ça les fait rire!

Et mon travail, COPROKAZAN (Coopérative des femmes Productrices de Karité de Zantiébougou)?

Les gestionnaires de la coopérative parlent assez bien français, alors j’en profite pour discuter lorsque je suis au travail!!!

Les femmes des villages voisins, membres de la coopérative, viennent à tour de rôle travailler une semaine à Zantiébougou où elles sont logées. C’est impressionnant de les voir travailler avec leur bambin sur le dos et d’autres enfants qui pleurent ou courent aux alentours.

Le site est assez grand et bien équipée. Il y a l’électricité solaire qui suffit pour faire fonctionner les ordinateurs. Les gens du village viennent utiliser le moulin, la pompe à eau et le photocopieur de la coopérative. Ils appellent même la coopérative « l’usine ». Lorsque je pars travailler, ils disent que je vais à l’usine… ça me fait rire!

Des fois, il y a des chèvres qui entrent dans le bureau…

Mon mandat consiste à développer les produits dérivés du beurre de Karité dans le but de percer de nouveaux marchés. Des recettes de crèmes et de baume à lèvre existent déjà, mais on doit les peaufiner. N’ayant peut de notions de chimie à mon actif, je me suis quand même impressionnée dans mes créations dès la première semaine. C’est un bon début. Le seul problème c’est que pour faire des recherches internet, il faut aller jusqu’à Bougouni, à près de 30 minutes.

Comme j’ai quand même 5 mois et que j’aurai le temps de bien voir le fonctionnement de la coopérative, je vais essayer de voir les restructurations possibles. Déjà avec la gestionnaire responsable, on est entrain de discuter comment réaménager les locaux pour que ce soit plus efficace et ne pas mélanger les produits alimentaires et les produits cosmétiques, une piste à suivre.

Donc une semaine de passée, et encore 18 à venir… J’espère pouvoir arriver à parler bambara, à démystifier tous les membres de ma famille, à pouvoir faire ma lessive sans qu’on se moque de moi, à ne plus frissonner à la vue d’une coquerelle, à préférer le thé sucré au café noir et à bien sûr, atteindre les objectifs de mon mandat. Voici donc mes résolutions pour les prochains mois.

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